Présentation Éditeur
La Femme de l’Ombre vient c’est vu décerner la plus haute récompense du roman noir en Islande, le « Blood Drop ».
Un représentant de commerce est retrouvé dans un petit appartement de Reykjavik, tué d’une balle de Colt et le front marqué d’un “ss” en lettres de sang. La police soupçonne rapidement les soldats étrangers qui grouillent dans la ville en cet été 1941. Deux jeunes gens sont chargés des investigations : Flovent, le seul enquêteur de la police criminelle d’Islande, ex-stagiaire à Scotland Yard, et Thorson, l’Islandais né au Canada, désigné comme enquêteur par les militaires parce qu’il est bilingue.
L’afflux des soldats britanniques et américains bouleverse cette ile de pêcheurs et d’agriculteurs qui évolue rapidement vers la modernité. Les femmes d’émancipent. Les nazis, malgré la dissolution de leur parti, n’ont pas renoncé à trouver des traces de leurs mythes et de la pureté aryenne dans l’île. Par ailleurs on attends en secret la visite d’un grand homme.
Les multiples rebondissements de l’enquête dressent un tableau passionnant de l’Islande de la “Situation”, cette occupation des jeunes soldats qui sèment le trouble parmi la population féminine. Ils révèlent aussi des enquêteurs tenaces, méprisés par les autorités militaires mais déterminés à ne pas se laisser imposer des coupables attendus.
Dans ce roman prenant et addictif, Arnaldur INDRIDASON, le lecteur est aussi fasciné par le monde qu’incarnent les personnages que par l’intrigue, imprévisible.
Origine | |
Titre | Þýska húsið, 2015 |
Éditions | Métailié |
Date | 2 février 2017 |
Éditions | Points |
Date | 8 février 2018 |
Traduction | Eric Boury |
Pages | 408 |
ISBN | 9782757868454 |
Prix | 8,40 € |
L'avis de Sophie PEUGNEZ
Le représentant Eyvindur a du mal à placer ses produits, la dispute avec sa compagne Vera a troublé sa concentration. Mais lorsqu’il revient à son domicile il s’inquiète car toutes les affaires de la jeune femme sont volatilisées.
Dans un appartement de Reykjavik un représentant de commerce est retrouvé avec une balle dans la tête. Florent commence les investigations avec un docteur du district. Et même si il travaille depuis plusieurs années à la Criminelle, son expérience est encore fraiche. La question d’un coupable du crime est très vite sur le tapis.
Les troupes américaines remplacent peu à peu les soldats britanniques. Thorson est membre de la police militaire, c’est ce qu’on appelle un Islandais de l’Ouest, ses parents ont immigré au Canada où il est né mais parle couramment l’islandais. Ses supérieurs vont lui demander d’assister Florent, officiellement pour l’aider, mais surtout pour remonter les infos au cas où un des leurs qui aurait commis le méfait. La victime présumée se nomme Felix Lunden et certains membres de sa famille sont très proches des nazis. Serait-ce l’explication de sa croix gravée sur le front du cadavre ? En plein conflit, l ‘espionnage peut-il être un mobile de meurtre ou est-ce une simple histoire de cœur qui mal tournée ?
« Dans l’ombre » traduit par le caennais Eric Boury et publié aux Editions Métailié est un roman vraiment fascinant et captivant. Il montre un visage de l’Islande que l’on connait peu : celui d’un pays qui sert de base pour les contingents des forces alliées. Cela a forcément des répercutions sur la population notamment sur les jeunes femmes qui tombent amoureuses de ces soldats étrangers mais chose plus triste du « commerce » des corps. Les soldes servent parfois à payer de jeunes islandaises qui se rendent sur les bateaux. La présence de tous ces hommes crée également du travail certaines islandaises deviennent blanchisseuses pour eux. Pas facile d’avoir un point de vue unique sur cette présence militaire peut-on aller jusqu’à employer le mot occupation ? Arnaldur Indridason a cette capacité à nous transmettre en toute simplicité et avec brio l’histoire de son pays. A plusieurs périodes comme il a pu le dépeindre également dans « Le duel », les espions semblent nombreux sur l’île, lieu stratégique lorsque les blocs s’affrontent. Le nazisme n’a pas été malheureusement que l’apanage des allemands et les recherches sur la race supérieure ont été au-delà du territoire du Reich. On retrouve des faits très inquiétants et souvent méconnus en France que l’auteur Olivier Truc a également mentionné dans son dernier roman « La Montagne rouge », je trouve d’ailleurs que la lecture de ces deux ouvrages se complète très bien.
Arnaldur Indridason est très connu pour les enquêtes de son inspecteur Erlendur mais je pense qu’il a fait un bon choix en proposant des nouveaux personnages. J’ai notamment beaucoup aimé Thorson avec son histoire familiale particulière, le destin des expatriés pour qui il est complexe de gérer la priorité entre leur nouvelle nation et leurs racines.
Dans L’ombre est le tome 1 de la trilogie des ombres et il me tarde de lire la suite « La femme de l’ombre » qui va paraître en octobre 2017. Car j’ai vraiment le sentiment qu’Arnaldur Indridason s’apaise au fil des années, j’avais trouvé La Cité des jarres très sombre, un aspect presque « dépressif » dans le texte. Et là il y a telle force et une telle envie de transmettre, je ne peux qu’à mon tour avoir envie d’en parler au plus grand nombre.