Camilla GREBE : L’ombre de la baleine

Camilla GREBE - ombre de la baleine

Présentation Éditeur

L’archipel de Stockholm vit des heures inquiétantes : des cadavres de jeunes hommes échouent sur ses côtes. Un tandem de flics est missionné : la jeune Malin, enceinte, et son supérieur Manfred, dont la fille est entre la vie et la mort. Les fausses pistes s’accumulent mais tout bascule le jour où la mère de Samuel signale sa disparition… C’est sans savoir que son ado rebelle s’est trouvé une planque idéale sur une île désolée, embauché par la mystérieuse Rachel pour veiller sur son fils Jonas, plongé dans un étrange coma.

Retournements incroyables, intrigues entrelacées, réflexion passionnante sur la fragilité de l’adolescence et de la filiation : Camilla Grebe, la nouvelle grande dame du polar, réussit un tour de force.

Origine Suède
Éditions Calmann Levy
Date 27 février 2019
Éditions Le Livre de Poche
Date 29 janvier 2020
Traduction Anna Postel
Pages 480
ISBN 9782253260141
Prix 8,40 €

L'avis de Hélène B.B.

Camilla GREBE doit son succès en Suède pour sa série de romans policiers écrite avec sa sœur. Ensuite elle entame une carrière solitaire avec Un cri sous la Glace puis Le Journal de ma disparition qui ont été couronnés par de nombreux prix. L’Ømbre de la Baleine est son troisième roman solo.

Manfred et la jeune inspectrice Malin sont chargés d’enquêter sur plusieurs corps de jeunes hommes retrouvés ligotés puis jetés dans l’eau. Y a-t-il un lien entre ces victimes ? S’agit-il d’un tueur en série qui s’attaquent à un type de victime particulier et selon un mode opératoire précis ?

La construction de ce roman peut paraître surprenante au premier abord, puisque chaque chapitre est pris en charge par un narrateur différent. Il y a trois narrateurs qui alternent : Manfred, le directeur de l’enquête ; Samuel, un jeune dealer en errance et Pernilla la mère de celui-ci. Cette méthode coupe le fil de la narration, mais on se laisse malgré tout entraîner dans l’histoire, car le vécu de ces trois personnages est intéressant à suivre. Cependant, le lecteur doit prendre patience, car la narration est lente et souvent entrecoupée par des descriptions qui ralentissent la lecture, peut-être s’agit-il là d’une invitation à un « slow polar » ? En revanche, le dénouement est particulièrement réussi et original.

L'avis de Sophie Peugnez

Manfred a abandonné quelques heures son rôle de policier pour endosser un autre rôle qui lui tient à coeur celui de papa. Il est au téléphone avec sa jeune épouse pour échanger des propos chargés de douceur, de complicité et sur le coup de froid de leur fille lorsque le drame arrive. L’appartement est étrangement silencieux, sa fillette est suspendue dans le vide, cramponnée au rebord de la fenêtre mais ses petits doigts sont glissants, il ne peut la retenir.

Samuel, 18 ans, ne supporte plus sa mère. Il s’est senti fliqué par elle : on parle de troubles neuropsychologiques le concertant. Pourtant il est malin, il a monté un business avec son meilleur ami Liam. Ils se sont fait repérés par Malte puis par son patron Igor : ce dernier se comporte comme un véritable chef d’entreprise avec la came dont il a la main mise sur tout le territoire de Stockholm. Samuel se retrouve à charger d’une mission importante : garder une mallette remplie d’échantillons de drogues mais sa mère tombe dessus, elle jette le contenu. Et en suivant les paroles de son conseiller spirituel elle met le jeune homme à la porte de chez elle.

Samuel, meurtri par le rejet de sa mère, trouvera refuge chez une femme qu’il aidera à soigner son fils qui n’est plus en état de parler. Enfin une mère bienveillante…

Avec L’ombre de la Baleine, publié aux éditions Calmann-Levy et aux éditions Le Livre de poche, Camille Grebe envoûte une fois de plus son lecteur. Dès les premières lignes le texte est poignant. Entre Manfred écrasé par le poids de la culpabilité de ne pas avoir su veiller sur sa fille, le geste raté à quelques secondes près, le remords qu’il éprouve également vis-à-vis son épouse. Et une mère qui tente d’élever seule son fils mais elle est écrasée par le poids de la religion, elle obéit pratiquement aveuglement. Tandis qu’une autre mère se dévoue toute la journée pour son fils handicapé.

Et Samuel a-t-il le droit à une forme de rédemption ? Chacun de ces personnages est tellement réaliste qu’on ne peut s’empêcher d’être ému, en colère, joyeux. Tout à l’air tellement vrai grâce à la maitrise de la psychologie de la part de Camilla Grebe. Et sa capacité a nous découvrir en finesse chaque scène. J’ai pratiquement l’impression d’avoir vu une excellente série tellement des images restent gravées en moi.

Chacun des romans de Camilla Grebe peut se lire indépendamment et en même temps il y a des personnages récurrents. C’est très intéressant de voir plus Manfred mais malheureusement pour lui il vit ce que redoute le plus les parents.

Des voix différentes qui s’élèvent pour parler de la filiation.

Sophie PEUGNEZ
Sophie PEUGNEZ
Co-fondatrice de Zonelivre.fr. Sophie PEUGNEZ est libraire, chroniqueuse littéraire pour le journal "Coté Caen" et modératrice de débat.
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