Présentation Éditeur
Elle est une hackeuse de génie. Une justicière impitoyable qui n’obéit qu’à ses propres lois. Il est journaliste d’investigation. Un reporter de la vieille école, persuadé qu’on peut changer le monde avec un article. La revue Millénium, c’est toute sa vie. Quand il apprend qu’un chercheur de pointe dans le domaine de l’intelligence artificielle détient peut-être des informations explosives sur les services de renseignements américains, Mikael Blomkvist se dit qu’il tient le scoop dont Millénium et sa carrière ont tant besoin. Au même moment, Lisbeth Salander tente de pénétrer les serveurs de la NSA… David Lagercrantz livre un thriller d’une actualité brûlante et signe les retrouvailles des personnages cultes créés par Stieg Larsson. La saga continue.
L'avis de Yannick P.
J’ai mis longtemps avant d’ouvrir ce roman ! J’étais pétri d’idées préconçues tant il était impossible pour moi que David Lagercrantz puisse ne serait-ce qu’arriver au genou de Stieg Larsson. L’exercice d’écriture dû être périlleux pour l’auteur car pour le lecteur que je suis, pondre une chronique fidèle à mon ressenti est devenu un casse-tête.
J’ai aimé Mikael Blomkvist dès les premiers chapitres de Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes. Sa fidélité en amitié, son côté fonceur et son aura de journaliste économique indépendant, obstiné et clairvoyant, ont fait de lui un de mes héros favoris. Mais l’œuvre de Stieg Larsson n’aurait pas été exceptionnelle sans deux autres éléments. Lisbeth Salander et Larsson lui-même. Lisbeth, outre un côté solitaire dût à un passé chargé d’ex victime des services sociaux et secrets, une résistance aux événements qui n’a d’égal que son intelligence, porte à elle seule le triptyque. C’est elle, l’enquêtrice, le hacker hors norme. Fait supplémentaire, sa mise en image, portée par Noomie Rapace a définitivement fait d’elle une héroïne majeure, un personnage principal incontournable et surtout inchangeable pour ce qui de son approche vis-à-vis du monde… les autres. Et il y a l’auteur. Larsson est à lui seul un héros littéraire. Journaliste indépendant à la fin de années 70, écrivain à la une plume affutée et combattant inoxydable de l’extrémisme de droite et du racisme, ce fut un auteur de premier plan. La barre était haute et je dois saluer le courage de Lagercrantz pour avoir repris le flambeau.
Toutefois, il fallait s’attendre à un comparatif violent. Car tout est déjà écrit. Le cahier des charges est lourd et sensible. Voilà pourquoi, Millénium 4 était une gageure en soit. Ce qui ne me tue pas, me fait l’effet de retrouver de vieux amis. Nous avons tous évolué chacun de notre côté. Seuls nos souvenirs, nous accrochent les uns aux autres, avec une vision très particulière du passé. Millénium est un souvenir que ma mémoire a encensé. Partant de là, le bât blesse. En effet, dans Ce qui ne me tue pas, les personnages « historiques » passent en seconde ligne (malgré le fait que le manuscrit aurait été rédigé aux deux tiers par Larsson lui-même). Deux modalités de lecture s’ouvrent donc.
Pour le lecteur néophyte, le béotien qui n’a que peu de rapport avec l’univers de Stieg Larsson, ce roman fait le boulot. Il est habillement construit. L’intrigue y est présente, on y parle d’intelligence artificielle et de ses problématiques portées par Raymond Kurzweil (chercheur, et futurologue américain prévoyant en 2029, la « Singularité », ce moment où les machines prendront le pouvoir sur l’homme. Contrairement à Stephen Hawking, Elon Musk, lui est impatient et a hâte d’y être). Les hackers sont toujours présents via la Hacker Republic, la NSA et la Sapo aussi. La dénonciation de la violence faite aux plus faibles offre une dose de crédibilité et entre complétement dans l’esprit du tryptique. Plus encore, la construction est propre. L’écriture coulante et claire. Les personnages, comme August, le jeune garçon autiste de Frans Balder donnent du relief au côté émotionnel sous couvert d’autisme et de maltraitance. Donc, pris indépendamment, Ce qui ne me tue pas est un bon roman.
Mais pour l’aficionado, l’addict, l’amoureux, il me manque un truc. En fait, il manque le truc qui à mes yeux, bâtit un Millénium. Il manque Lisbeth, sa profondeur, sa présence sous-jacente, sa capacité à aller jusqu’au bout quand elle s’engage dans un combat. Sous ses pages, elle parait terne. Plus encore, il m’a manqué la hargne de Larsson qui semble être également passée à la trappe malgré une ouverture sur les questions que pose l’Intelligence Artificielle. Bref, il n’y a que très peu de place à la révolte qui laisserait au lecteur la possibilité de se projeter. Plus encore, sous couvert d’effet d’édition, d’héritage savamment maitrisé, le lecteur que je suis a eu le sentiment d’avoir perdu du côté glacial qui faisait des Millénium une œuvre passionnante. Moralité, il va passer de l’eau sous les ponts, avant que je ne lise le 5ème dont l’affichage illustre la hauteur des attentes de l’éditeur.