Dans Le Jeu Sérieux, magnifique portrait de femme dont l’exceptionnelle liberté pour l’époque fait écho dans nos cœurs de femmes modernes.
Présentation Éditeur
Un des plus beaux romans d’amour de la littérature mondiale.
» Le Jeu sérieux est le seul roman d’amour qui compte dans notre littérature « , écrivait un critique suédois dans les années trente. Allons au-delà de ce jugement et disons simplement que Le Jeu sérieux est un des plus beaux romans d’amour de la littérature mondiale.
, écrivain célèbre et controversé, livre un magnifique portrait de femme, d’une exceptionnelle liberté, d’une étonnante universalité.
Roman de la trahison, Le Jeu sérieux est un classique de la littérature suédoise, de nombreuses fois réédité.
Origine | |
Titre | Den allvarsamma leken, 1912 |
Éditions | Viviane Hamy |
Date | 1 janvier 1995 |
Éditions | Viviane Hamy |
Date | 24 janvier 2004 |
Traduction | Elena Balzamo |
Pages | 252 |
ISBN | 9782878582659 |
Prix | 9,20 € |
L'avis de Cathie L.
Hjalmar Emil Fredrik Söderberg, né le 2 juillet 1869 à Stockholm et mort le 14 octobre 1941 à Copenhague, est un romancier, auteur dramatique, poète et journaliste suédois. Il débute sa carrière littéraire à l’âge de vingt ans en écrivant des articles pour le quotidien Svenska Dagbladet. En 1895, il publie son premier roman Egarements. Il a également publié des articles très anti-nazis dans le quotidien libéral Göteborgs Handels-och Sjöfartstidning. Il est le grand-père maternel de l’écrivain et réalisateur danois Henrik Stangerup (1937-1998), longtemps correspondant au Brésil et à Paris. Il est surtout connu pour ses romans dans lesquels il fustige un certain conformisme.
Le roman
Le Jeu Sérieux, Den Allvarsamma Leken dans la version originale parue en 1912, traduit par Héléna Balzamo, a été publié en 1995 par les éditions Viviane Hamy. L’écriture est sensuelle, façonnée et simple à la fois, incroyablement moderne dans sa conception :
» Il représentait volontiers ses pins après une ondée, les troncs humides luisant au soleil. Pour cela, il n’avait besoin ni de pluie ni de soleil: il les connaissait par cœur. Il ne dédaignait pas non plus de laisser le couchant allumer des reflets rouges sur la fine écorce rose du sommet et sur les branches noueuses et tordues. » (Page 11)…
« Elle avança jusqu’à ce que l’eau lui arrive un peu au-dessus de la taille, s’arrêta, les bras levés, les mains nouées derrière la nuque, et attendit que les ondes s’effacent pour contempler le reflet de ses dix-huit ans. Elle se pencha et glissa dans l’eau émeraude. » (Page 9).
Thème : amours déçues
L’intrigue
1897-1898. Arvid est amoureux de Lydia. Professeur stagiaire et traducteur désargenté, il ne peut offrir à la jeune fille la vie confortable à laquelle elle a droit. Lui-même est incertain quant à son propre avenir. Doit-il laisser l’enseignement au profit d’une carrière de journaliste traducteur pour le compte du Nationalblad, ou le contraire ?
Agé seulement de vingt-trois ans, il s’estime trop jeune pour se marier et fonder une famille, il se tient à l’écart de Lydia. Mais pas un seul jour ne passe sans qu’il pense à elle… D’autant que les hasards de la vie la mettent constamment sur sa route, comme ce soir d’hiver où la jeune fille passe à son journal déposer une annonce. Jour où Arvid allait lire cette autre annonce dans l’Aftonpost, annonce qui allait bouleverser sa vie.
Lydia, malgré sa promesse d’attendre qu’il trouve sa voie et soit prêt pour le mariage, épouse un homme bien plus âgé mais riche. Alors qu’Arvid épouse sa maîtresse enceinte de lui. Ainsi, la vie les sépare, mais leur amour continue de brûler bien tapi au fond de leurs coeurs… Jusqu’à ce qu’elle les réunisse à nouveau.
Les personnages
• Lydia Stille : jeune fille dont Arvid est amoureux; belle et mystérieuse, un rien exaltée par moments.
• Anders Stille : père de Lydia, peintre, veuf; musicien, fabriquait des violons.
• Arvid Stjärblom : jeune professeur stagiaire dans un lycée, traducteur et journaliste ; amoureux de Lydia ; originaire du Värmland, province située à l’ouest de la Suède.
• Markel : rédacteur-adjoint du journal où travaille Arvid.
• Dr Doncker : rédacteur en chef du journal où travaille Arvid ; bel homme élégant qui a investi sa fortune dans le journal.
• Dagmar Randel : fille d’un entrepreneur en bâtiment; fiancée puis épouse d’Arvid.
• Henrick Rissler : poète et romancier, paresseux.
Ancrage dans la réalité
Afin de donner à son roman profondeur et réalisme, Hjalmar Söderberg enracine son récit dans l’actualité internationale de la fin du 19e siècle évoquée par les personnages, rendant plus accessible le travail de journaliste d’Arvid, comme si nous y participions :
« – Il y a du nouveau dans l’affaire Dreyfus ? -Pas que je sache. Il y a à peu près une semaine, Mathieu Dreyfus a accusé Esterhazy d’être l’auteur du bordereau. D’après les journaux parisiens, il semble bien qu’un nouveau conseil de guerre se prépare, pour la forme. » (Page 47)…
« -La vieille est arrêtée à Madrid! jeta Markel en traversant la salle de rédaction, une liasse de télégrammes à la main. Il s’agissait de Madame Humbert. En cette fin d’année 1902, la « grande Thérèse » et sa caisse constituaient la préoccupation principale des journaux et de l’opinion. » (Page 76)
…Ou par l’auteur : « Le 11 janvier 1898, le conseil de guerre prononçait l’acquittement d’Esterhazy. L’honneur de la France et de l’armée française ne pouvait souffrir l’idée qu’une sale petite trahison sans importance, pour laquelle un riche et brillant officier de l’état-major, d’origine juive, avait été condamné, fut en réalité commise par un officier de l’armée d’origine étrangère, une crapule dégénérée et moralement déchue. Le 19 janvier, L’Aurore publiait « J’accuse » de Zola, dont le résumé était aussitôt répandu par télégraphe dans le monde entier. Deux jours plus tard, un exemplaire de L’Aurore arrivait à la rédaction du Nationalblad. » (Page 53)
En conclusion
Dans Le Jeu Sérieux, l’auteur brosse un magnifique portrait de femme dont l’exceptionnelle liberté pour l’époque fait écho dans nos cœurs de femmes modernes. Lydia, qui vit pour l’amour, ne concède aucune compromission. Sa soif d’absolu se heurte aux ambitions d’Arvid qui, finalement, ne pourra lui résister, courant à sa perte. Hjalmar Söderberg apporte un soin tout particulier à construire des personnages complexes, animés de désirs et d’ambitions auxquels ils ne peuvent résister, qui les conduiront à faire des choix parfois malheureux. Des personnages touchants et proches de nous.
Ce qui est remarquable dans ce roman tout en finesse est qu’à aucun moment Hjalmar Söderberg ne porte de jugement sur les choix de Lydia. Il se contente de la regarder vivre, magnifiant son personnage, le rendant inoubliable. Il laisse le temps filer entre les doigts de ses deux personnages pour, quelques années plus tard, fusionner à nouveau leurs trajectoires, un peu comme une seconde chance. Une très belle histoire d’amour rendue intemporelle par l’écriture incroyablement moderne de l’auteur. A (re)-découvrir…