Eric Boury, quelles sont les particularités de la langue islandaise ?
Il y a un système de déclinaisons et de conjugaison très complexes. Elle est restée très proche des langues nordiques d’origine. Quand on parle l’islandais moderne, on est capable avec quelques connaissances de comprendre l’Islandais du 12e siècle si il a été retranscris. Il y a plusieurs influences culturelles, les islandais ont toujours voyagé. Car il n’y avait pas d’université en Islande, il fallait aller au Danemark. Certains d’entre eux sont allés se former à l’étranger. Le pays était pauvre.
Quel est votre parcours ?
Mon déclic est arrivé à l’âge de 8 ans, j’ai entendu parlé allemand, j’étais à la fois fasciné et en même temps frustré de ne pas pouvoir échanger avec eux. Je vivais dans le Berry, l’étude des langues n’était pas évidente, impossible par exemple d’étudier le latin. Au collège j’ai donc appris l’anglais, l’allemand puis au lycée l’espagnol ainsi que l’italien en autodidacte. Le curé de mon village m’avait passé une revue avec des photos de l’Islande et j’ai découvert dans l’article que la langue était du vieux norvégien conservé. Dès l’adolescence, je me suis dit que j’irais un jour dans les pays nordiques.
Je suis allé à la Fac à Caen pour étudier les langues nordiques (norvégien, suédois et islandais). J’avais ce deug ainsi que celui d’anglais et j’ai décidé de m’immerger en Islande pour maitriser la langue. J’ai commencé par séjourner dans une ferme. Il avait peu d’étrangers à ce moment là.
J’ai en ma maitrise en 1990 à Caen. En 1992, j’ai été prof d’anglais et de français dans un lycée pro pendant plus de 20 ans. Dont 8 ans consacrés à la traduction à très haute dose notamment l’œuvre d’Indridason remarquée par le grand public et les médias à partir de la femme en vert. Ainsi que les romans de Thorarinsson, Deuil de Bergsson et bien d’autres.
Quel regard portez-vous sur ces livres ?
Je ne traduis que les livres que j’aime. Tous les textes te marquent car ils représentent une période de ta vie. Dans la littérature islandaise, il y a souvent l’espoir de la grâce et de la Rédemption liés à la religion protestante. Traduire c’est savoir négocier les pertes et les gains par rapport au texte original. J’aime la poésie de Stefansson. Et j’ai été subjugué par « Illska » c’est un texte époustouflant. Malgré ces 600 pages, je ne me suis jamais ennuyé un seul instant en le traduisant.