Présentation Éditeur
Pourquoi Merete Lyyngaard croupit-elle dans une cage depuis des années ? Pour quelle raison ses bourreaux s’acharnent-ils sur la jeune femme ?
Cinq ans auparavant, la soudaine disparition de celle qui incarnait l’avenir politique du Danemark avait fait couler beaucoup d’encre. Mais, faute d’indices, la police avait classé l’affaire.
Jusqu’à l’intervention des improbables Carl Mørck et Hafez el Assad du Département V, un flic sur la touche et son assistant d’origine syrienne. Pour eux, pas de « cold case »…
Jussi Adler-Olsen a envie décrire le roman policier le plus long du monde (10 à 11 volumes). Chaque Tome est comme un chapitre.
Origine | |
Éditions | Albin Michel |
Date | 5 octobre 2011 |
Éditions | Le Livre de Poche |
Date | 09 janvier 2013 |
Éditions | Le Livre de Poche (version collector Noël) |
Date | Novembre 2013 |
Traduction | Monique CHRISTIANSEN |
Pages | 528 |
ISBN | 9782253173618 |
Prix | 8,20 € |
L'avis de Sophie Peugnez
(10 novembre 2013)
Cold Case danois, à consulter d’urgence !
Carl Mork vient de perdre un de ses coéquipiers lors de l’inspection d’un site et le second n’a qu’une envie que la mort vienne le cueillir sur le lit d’hôpital où il est paralysé.
Carl Mork est un flic dont les supérieurs ne savent plus quoi faire.
Un budget débloqué par le gouvernement va leur permettre de créer le département V. Départemen indépendant qui va gérer les « cold case ». C’est Mork qui se retrouve à la tête du service « affaires non classées » dans les locaux au sous-sol avec comme compagnon Hafez el Assad d’origine syrienne qui est censé gérer le nettoyage des lieux.
Mais ce curieux individu s’avère devenir un atout majeur car il a une sorte de flair pour trouver les infos.
Le premier dossier qu’ils vont traiter est celui de la disparition de Merete Lyyngaard, une femme politique.
Jussi Adler-Olsen a une écriture très efficace dès les premières lignes et l’on est dans le coeur de l’action. Un rythme narratif qui fait penser aux nouvelles séries TV. Mork est un personnage bourré de défauts mais terriblement attachant. Son nouvel acolyte Assad est un personnage aux multiples facettes et je ne doute pas que l’auteur nous dévoile petit à petit qui il est vraiment, et j’aime également cet homme singulier.
Un roman qui porte sur le milieu politique, sur les liens qui peuvent exister avec les grandes entreprises.
Et ce portrait de Merete, femme qui s’investit au maximum dans sa mission politique mais qui est également une soeur très dévouée pour son frère handicapé. Très beau lien qui les unit, de superbes scènes…
Même si il y a certaines évidences qui se dessinent très vite dans le récit, je me suis laissée prendre au jeu et j’ai adhéré à fond à l’ambiance du tome 1 de la série. Pas de temps mort. Les codes du thriller sont très bien exploités et on peut trouver des similitudes avec des thrillers américains, français…. Ce danois s’éloigne un peu du style des autres nordiques que j’avais pu lire et en même temps c’est un auteur que j’adore.
Un léger zeste d’humour. Il nous donne vraiment une situation très claire de la vie sociale et de la vie politique du Danemark.
Un succès depuis sa sortie en librairie, je comprends pourquoi.
Je vous le conseille vivement. Et à peine le tome 1 fini, j’ai enchainé par la suite » Profanation « .
L'avis de Cathie L.
Profanation, Fasandræberne en version originale parue en 2008, a été publié en France en 2012 par les éditions Albin Michel et en 2014 par Le Livre de Poche dans la collection Policier/Thriller. Dans cette seconde enquête du Département V, l’auteur raconte son histoire dans un style sobre, sans effets particuliers, un peu comme dans un article de journal. Le ton est désabusé, empreint de désillusion.
Toutefois, fait suffisamment rare dans la littérature policière scandinave pour le souligner, Profanation se distingue par les innombrables traits d’humour qui émaillent son récit pratiquement à chaque page, issus des réflexions du personnage principal :
« Au deuxième étage, ils avaient encore tout déménagé. Putain de réforme de la police. Bientôt Carl aurait besoin d’un GPS pour trouver le bureau du chef de la brigade criminelle. » (Page 20)…
« Assad sortit un bloc et nota l’information. Son assistant n’allait pas tarder à faire son boulot à sa place. Carl attendait ce jour avec impatience. » (Page 45)…
« Il eut l’impression que son sang se mettait à bouillir et gelait en même temps. Cinq ordres contradictoires partirent de sa moelle épinière et se répandirent dans sa structure moléculaire: fais tomber ta gomme, efface le dernier point sur ta liste, éteins ta cigarette, efface l’expression débile que tu as sur la figure, ferme la bouche. » (Page 148)…
« Le vacarme venant du salon, une cacophonie de roulements, de craquements et d’explosions, faisait penser à un troupeau d’éléphants qui auraient décidé de vandaliser son mobilier Ikea déjà très éprouvé. » (Page 385).
Construction : un prologue très court écrit au présent, contrairement au reste du roman écrit au passé. L’ancrage dans la réalité habilement mis en place grâce aux flashs infos concernant la situation en Birmanie et en Afghanistan, tout en intégrant l’intrigue du roman :
« Un reportage sur le régime militaire en Birmanie défilait sur le grand écran…La détresse des soldats danois en Afghanistan passait à l’arrière-plan de l’actualité…Les images sur l’écran changèrent de nature. Pour la vingtième fois, la télévision diffusa celles de l’explosion de la bâtisse sur la voie de chemin de fer à la hauteur d’Ingerslevsgade. Tout le trafic ferroviaire avait été interrompu, plusieurs caténaires pulvérisés. » (Pages 341-342).
L’intrigue
Eté 1987. Quelques semaines après le carnaval. Les cadavres d’un frère et de sa soeur, respectivement âgés de dix-sept et dix-huit ans, avaient été retrouvés dans une maison de campagne située dans le nord du Sjaelland, tabassés à mort. L’arme du crime avait été retrouvée dans un parterre de bruyère tout proche. Les soupçons s’étaient rapidement orientés vers un groupe de pensionnaires d’une école privée réputée, surnommé « la bande de l’internat, issus de la classe dominante fortunée. Sans preuve, l’affaire avait été classée.
Vingt ans plus tard. Carl trouve le dossier de cette mystérieuse affaire sur son bureau comme si quelqu’un voulait qu’il reprenne les investigations. Pourtant, neuf ans après les faits, Bjarne Thogersen, seul de la bande issu d’un milieu modeste, se dénonce et est condamné. Dès lors, quel intérêt de rouvrir l’enquête ? Carl, intrigué par les nombreuses zones d’ombre, relève le défi, sans envisager une seconde que cette nouvelle enquête le conduira dans les cercles très fermés des milieux d’affaires et de la haute bourgeoisie où corruption et vices mènent la danse.
Quel rôle ont joué, vingt ans plus tôt, les trois hommes les plus puissants du Danemark ? Pourquoi Kimmie, leur ancienne camarade devenue une SDF camée, cherche à se venger d’eux ? Quels sombres secrets se cachent dans leurs luxueuses villas, prétentieuses et froides ?
La bande de l’internat : six jeunes gens issus de la haute bourgeoisie bourré de fric, enfermés dans une prestigieuse école privée dont ils ne sortent que pour les vacances, négligés par des parents bien trop occupés par leurs petites personnes pour s’intéresser à leurs rejetons qu’ils laissent livrés à eux-mêmes: « Ce n’était pas l’ivresse qu’ils recherchaient. C’était le défi. Ils voulaient juste cracher à la gueule de l’autorité sous toutes ses formes en faisant ce qu’ils imaginaient de pire. Fumer du hasch juste derrière l’établissement scolaire très strict dans lequel ils étaient pensionnaires était sans doute la plus grave des transgressions. »(Page 29)…Mais bientôt, ils passeront à la vitesse supérieure, en quête de jouissances plus fortes: « Ditlev s’approcha du gamin, qui était allongé par terre. Il le regardait avec curiosité. La réaction de ce sale gosse le fascinait. Il leva brusquement la main comme s’il voulait le taper, mais l’enfant ne réagit toujours pas. Ditlev lui asséna une violente gifle sur la tête…Ditlev le frappa à nouveau. C’était une sensation merveilleuse. Ditlev souriait…Des années après, Ditlev avait raconté que frapper ce garçon l’avait fait jouir pour la première fois de sa vie. » (Pages 31-32) =>L’auteur décrit avec maestria la descente aux enfers de ces jeunes gens désœuvrés, laissés à l’abandon par leurs parents, livrés à leurs pires instincts, sans pour autant leurs trouver des excuses improbables, décortiquant quel processus a pu les mener jusqu’au crime…
En conclusion
Le + : la vision du Danemark à contre-courant des images d’Epinal que nous prenons pour argent comptant: le Danemark, petite monarchie sans histoire, sans problèmes économiques ou sociaux. Jussi Adler-Olsen montre tout le contraire, avec la petite pointe d’ironie qui le caractérise.
Avec cette seconde enquête, Jussi Adler-Olsen monte en puissance. La maîtrise d’une enquête policière, des personnages originaux et convaincants, une intrigue bien menée, le monde fermé de la haute bourgeoisie habilement esquissé, le style efficace sont autant d’atouts qui confèrent à Profanation un indéniable statut de va;leur sûre du polar scandinave. A lire sans aucun délai…