Dossier 64 est non seulement une bonne enquête mais aussi une bonne piqûre de rappel de ce que furent les pires idées du national socialisme
Présentation Éditeur
A la fin des années 80, quatre personnes disparaissent mystérieusement en l’espace de quelques jours. Jamais élucidée, l’affaire se retrouve sur le bureau du Département V. Carl Morck et ses improbables assistants, le réfugié syrien Assad et la pétillante Rose, ne tardent pas à remonter jusqu’aux années 50 où s’ouvre un sombre chapitre de l’histoire danoise : sur la petite île de Sprögo, des femmes sont internées et stérilisées de force sous la direction du docteur Curt Wad, obsédé par l’idée d’un peuple » pur « .
Plongé dans une terrible histoire de vengeance, Mørck enquête cette fois dans le milieu politique opaque d’une société danoise où l’influence des extrêmes se fait sentir. Jussi Adler-Olsen se surpasse en entremêlant passé et présent d’une main de maître, sans renoncer à son humour plus acéré que jamais.
Origine | |
Éditions | Albin Michel |
Date | 03 janvier 2014 |
Éditions | Le Livre de Poche |
Date | 6 janvier 2016 |
Traduction | Caroline Berg |
Pages | 672 |
ISBN | 9782253095156 |
Prix | 8,90 € |
L'avis de Marie H.
Il existe des séries qu’il importe peu de lire au hasard. Le plaisir est plus grand encore de suivre l’ordre des publications de Jussi ADLER-OLSEN : Miséricorde, Profanation, Délivrance. Avec le dernier livre Dossier 64, on retrouve le Département V, ou les « cold case » de la police danoise et ses enquêteurs atypiques – Rose aux personnalités multiples, Assad aussi mystérieux qu’il est efficace – le tout mené par l’inspecteur Morck.
Si ce quatrième volume n’a rien perdu de son humour, c’est très certainement le livre de l’auteur le plus sombre et le plus politique. Dossier 64 fait référence à un épisode terrifiant de l’histoire du Danemark. De 1922 à 1961, l’île de Sprögo a été un centre de détention pour des jeunes filles qui tombaient enceintes hors mariage ou qui transgressaient les mœurs admisses de l’époque :
« J ‘ai contribué à faire enfermé à Sprogo des filles asociales et stupides, affectées de graves déviances sexuelles. Toutes ces moins-que rien ont été stérilisées, ce dont vous pouvez me remercier, confie Curt Wad lors de son arrestation. Car aujourd’hui leur descendance grouillerait dans les rues comme des rats, et vous et vos collègues seriez débordés par leurs comportements criminels et leurs instincts primitifs. » P.463
En exhumant une affaire datant de 1950, le Département V découvre tout un réseau de stérilisation forcée, organisé par Rene Linier, médecin et chef de la Lutte Secrète, pour jeune fille considérée comme débile ou de mauvaise vie, ou pour des considérations raciales. Les pires idées de l’extrême droite gangrènent aussi la société danoise: « Nous prétendons simplement qu’il n’y a pas de sens à laisser vivre un être destiné à une existence indigne, dit Rene Linier. Il doit y avoir des limites à ce qu’on demande aux médecins et à ce qu’on inflige aux malades. Des limites qu’on fait porter aux familles. Et nous voulons réduire les dépenses de l’Etat en matière de santé. »
Le dernier de Jussi Adler Olsen est non seulement une très bonne enquête mais aussi une bonne piqûre de rappel de ce que furent les pires idées du national socialisme et de leur présence dans les idées de l’extrême droite sous prétexte de sécurité ou de réduction de dépenses d’Etat ! A méditer.
L'avis de Hélène B.
Dossier 64 est sans conteste le volet ( avec Délivrance) que j’ai préféré de l’auteur Jussi Adler-Olsen.
C’est le 4 eme roman mettant en scène le trio incroyable de l’inspecteur Morck et de ses deux assistants Assad et Rose. Si j’avais déjà beaucoup apprécié les trois premiers romans, celui-ci m’a encore plus séduite Tout d’abord, je trouve que la personnalité et l’histoire personnelle de notre impétueux carl Morck sont beaucoup plus mises en avant. Il y a la découverte d’un dossier le concernant lui et son cousin concernant la mort de son oncle Il y a aussi l’enquête qui a coûté la vie d’un de ses collègues et l’handicap d’un autre qui commence à se clarifier (ou pas) et le mettant dans une mauvaise posture. Enfin, son idylle amoureuse avec la psychologue se concrétise et il connaît les premiers doutes. Le personnage d’Assad est, par contre, toujours aussi mystérieux mais on devine une grande souffrance que j’espère vite comprendre dans le volet suivant. De même, on en sait plus sur le personnage de Rose, et son comportement schizophrénique.
L’intrigue en elle-même est encore très bien ficelée. La superposition des deux époques nous permet de bien comprendre comment et pourquoi ces personnes sont mortes. Par contre, la fin du roman est une vraie surprise. Je ne m’attendais pas du tout à une telle révélation.
Le thème de l’eugénisme est très bien traité, aussi effrayant qu’il puisse être. J’aime beaucoup la variété des sujets traités dans les romans de Jussi Adler-Olsen. Il nous entraîne dans la noirceur de l’âme humaine sans tabou.