INFOS ÉDITEUR
Parution aux éditions JC Lattès en 2007 Parution aux éditions J’ai Lu en juin 2009 Traduit du norvégien par Gunder Jomann, célibataire endurci, part en Inde dans l’espoir de rencontrer celle qui deviendra sa femme. Ce n’est que quelques semaines plus tard que Poona le rejoint en Norvège. Mais le jour de son arrivée, rien ne se passe comme prévu. Le corps mutilé d’une jeune femme est retrouvé près de chez Gunder. Qui est-elle ? Qui à Elvestad est capable d’une telle inhumanité ? L’inspecteur Konrad Sejer, lui, sait que chacun est capable du pire. La mort indienne est la troisième enquête du commissaire Konrad Sejer. (Source : J’ai Lu – Pages : 347 – ISBN : 9782290009079 – Prix : 6,90 €) |
L’AVIS DE CATHIE L.
La mort Indienne, dont l’édition norvégienne sous le titre original Elskede Poona date de 2001, a été publié en France en 2007 par les éditions Jean-Claude Lattès, et réédité en 2009 par les éditions J’ai Lu. Il s’agit du cinquième titre de la série mettant en scène l’inspecteur Konrad Sejer.
A mon sens, La Mort Indienne s’apparente plus à un thriller psychologique qu’à un roman policier, car, malgré sa construction classique, le déroulement de l’histoire est assez inhabituel: le meurtre ne se produit pas dès les premières pages ( comme c’est généralement le cas dans les romans de ses collègues scandinaves, je pense particulièrement à Camilla Lackberg ou Ake Exwardsson, entre autres). En effet, les premiers chapitres sont consacrés à faire la connaissance du célibataire Gunder Jomann, le véritable personnage principal. De ce point de vue, La mort Indienne pourrait être un très beau roman d’amour et de tolérance…il le pourrait mais Karin Fossum nous ramène brutalement à la réalité: il s’agit d’une enquête criminelle et pas d’une romance…
Thriller psychologique donc, tant l’auteur s’attache à la psychologie du personnage principal, à ses ressentis et à ses pensées; Karin Fossum fait pénétrer le lecteur à l’intérieur du moi intime du personnage principal, Gunder Jomann, jusqu’à ressentir en lui-même son angoisse diffuse, jusqu’à redouter, en même temps que lui, la véritable signification des signes extérieurs :
« La maison était vide. Pas de valise dans l’entrée. Pas de Poona dans le salon. Les pièces étaient plongées dans l’obscurité, il était parti dans la journée sans allumer de lampe. Il resta un bon moment dans son fauteuil à regarder devant lui. » (Page 101).
Comme souvent, dans les polars nordiques, l’aspect « critique » d’un ou plusieurs aspects de la société dans laquelle nous évoluons n’est jamais très éloigné. Ici, l’auteur « accroche » la presse :
« Les gens de la presse tournaient comme des mouches, avec le même regard fiévreux que s’ils possédaient toute la ville. Tous étaient lancés dans une chasse sans répit dans laquelle leur langue tenait lieu d’arme. Chacun avait sa propre approche et une manchette tout à fait originale que personne d’autre n’aurait trouvée . Ils prenaient des photos dramatiques qui ne montraient rien du tout car on ne les avait pas laissés accéder à l’endroit où avait été découvert le corps. Ils avaient malgré tout passé du temps allongés sur le ventre dans l’herbe, leurs téléobjectifs braqués entre les roseaux et les brins de paille. »
A travers le déroulement de l’histoire, Karin Fossum donne quelques détails concernant la vie quotidienne en Norvège, ce qui, à mon avis, constitue un petit plus: le plaisir de connaître un peu mieux la façon de vivre de ces peuples nordiques dont nous apprécions tant les histoires…Ainsi, nous apprenons que le dîner est le repas que les gens prennent en rentrant du travail, en général entre 16h et 18h, rarement plus tard. Il est le principal repas de la journée. Quelques détails culinaires plutôt « alléchants »: le lapskaus est un ragoût à base de viande, le plus souvent de bœuf, de pommes de terre, d’oignons et de carottes, en sauce blanche ou brune…et le brunost est un fromage typiquement norvégien très populaire, qui fait penser à une mimolette sucrée, et qui existe en plusieurs variantes…J’aime quand un roman m’apprend également à connaître un autre pays, un mode de vie différent.
Thèmes :
Les thèmes esquissés sont le respect de l’autre, de sa différence, d’autant plus quand il vient d’un pays ou d’une civilisation étrangers; mais aussi, par antinomie, l’intolérance, l’esprit étroit qui caractérisent souvent, mais pas seulement, les villages ou petites villes.
L’intrigue :
Gunder Jormann vend des machines agricoles. Il a atteint les 50 ans et est toujours célibataire. Lassé de son célibat prolongé, et persuadé qu’il ne trouvera pas ce qu’il cherche dans son pays, il se rend en Inde afin de découvrir la perle rare, qu’il trouve en la personne de Poona Bai, serveuse du restaurant dans lequel il prend tous ses repas. Ils se marient le 4 août et Gunder retourne en Norvège afin de préparer la maison pour l’accueillir. Son arrivée est prévue le 20 août.
Mais voilà, rien ne se passe comme prévu. Au moment de partir, Gunder reçoit un coup de téléphone: suite à un grave accident de la route, sa sœur, dans le coma, a été hospitalisée. Ne pouvant l’abandonner, il se rend donc à son chevet et demande à Kalle, un ami chauffeur de taxi, d’aller chercher Poona à sa place. Mais la jeune femme reste introuvable. Le lendemain, le corps sauvagement mutilé d’une jeune femme étrangère est retrouvé dans un pré, à Elvestad … C’est alors que Konrad Sejer et son équipe entrent en jeu.
Les personnages :
Contrairement à la plupart des romans policiers nordiques, où la vie privée de (ou des) l’enquêteur occupe une large part de l’histoire, ici ce n’est pas le cas; bien entendu, Sejer et son équipe ne sont pas des personnages falots; ils sont attachants, intéressants, mais leur présence ne se manifeste que dans le cadre de l’enquête qu’ils mènent.
- Gunder Jomann : pour comprendre ce personnage, laissons parler l’auteur : « Ils allaient tout partager. Même si elle était flapie, fatiguée ou malade, elle pourrait se reposer. Si son pays lui manquait, elle pourrait partir en vacances; s’il pouvait l’accompagner, tant mieux, mais si elle avait besoin de rester seule un temps, elle devrait pouvoir l’être. Il l’écouterait parler et ne l’interromprait jamais. Elle aurait bien des choses à traverser, aurait besoin d’attention et de compréhension, en particulier la première année. » (Page 48).
- Marie : sœur cadette de Gunder
- Bjorsson : vendeur, collègue de Gunder
- Einar Sunde : propriétaire de la taverne « Einar Kro »
- Ole Gunwald : épicier du village
- Karsten : mari de Marie
- Poona Bai : serveuse indienne; épouse de Gunder
- Shiraz : frère de Poona
- Konrad Sejer : policier
- Skarre : collègue de Konrad
- Bardy Snorrason : médecin légiste
Les lieux :
L’action de ce roman se situe dans un petit village de Norvège :
« Le village dans lequel habitait Gunder s’appelait Evelstad. Il comptait deux mille trois cent quarante sept habitants. Une église de bois, datant du Moyen-Age, restaurée en 1970. Une station-service, une école, un bureau de poste et une taverne pour routiers. » (Page 21).
L’ambiance :
Elvestad est un petit village de la campagne norvégienne comme tant d’autres…Sauf qu’un meurtre sauvage vient d’y être commis. Mais ce n’est pas possible !! Pas chez nous. Tout le monde se connaît et répond de chacun, malgré les querelles de voisinage, mais rien de bien méchant…C’est forcément l’œuvre de quelqu’un venu d’ailleurs car personne ne peut croire qu’un assassin se cache parmi ces gens avec qui on a grandi. Même quand il semble évident que certains habitants se livrent à de louches trafics une fois la nuit tombée, personne ne dit rien…
Pourtant, les langues vont peu à peu se délier; les commérages et les rumeurs vont bon train, bien que les gens ne se confient pas facilement à l’inspecteur Sejer; ce qui n’empêche pas ce dernier de mener ses interrogatoires de main de maître afin de désigner le coupable…Mais qui est vraiment le coupable !!! Là est la question…
Mon avis :
La mort Indienne est un polar original, aux qualités certaines : style fluide et efficace; personnages bien campés et attachants; une intrigue bien ficelée aux fils suffisamment emmêlés pour donner du fil à retordre à l’inspecteur Sejer et son équipe…ainsi qu’au lecteur. Ce petit polar mérite grandement d’être découvert, ou re-découvert.