Présentation Éditeur
Jerry Petersson est un riche avocat parvenu.
Tout le monde le déteste. Aussi, quand on retrouve son cadavre dans les douves du château qu’il vient d’acheter, personne n’est étonné. Malin mène l’enquête, qui l’amène sur l’île de Ténérife. Un dépaysement dont elle a bien besoin. Rien ne va plus chez elle. C’est l’automne à Linkôping. Il pleut, le temps est maussade et froid. Malin, maintenant bien connue du public français, est toujours aussi fragile.
Elle devra affronter ses vieux démons et sa solitude pour se lancer aux trousses du tueur.
Origine | |
Titre | Höstoffer (2009) |
Éditions | Serpent à Plumes |
Date | 3 mars 2011 |
Éditions | Points |
Date | 20 septembre 2012 |
Traduction | Max Stadler et Lucile Clauss |
Pages | 456 |
ISBN | 9782757821466 |
Prix | 7,90 € |
L'avis de Cathie L.
Automne, Hostoffer en langue originale paru en 2009 en Suède, a été publié en 2011 par les éditions du Serpent à Plume, dans la collection Serpent Noir. Suite de Été, auquel l’auteur fait allusion au début du roman afin d’établir le lien entre les deux: « Malin et Tove étaient allées voir un psychologue au service pédiatrique de l’hôpital universitaire. Tove avait refusé de lui parler, disant qu’il n’y avait rien à dire. Elle avait ajouté : « Maman, je n’ai pas peur. Je vais bien. Ce n’était pas ta faute. » Mais Malin savait qu’elle « tait responsable. Tove s’était retrouvée mêlée à l’affaire (…) Si elle n’avait pas été commissaire, rien de tout cela ne serait jamais arrivé. » (Page 15), ce roman constitue le troisième volet de la série consacrée à l’investigation dans les tréfonds du mal afin d’en comprendre la teneur, l’origine et l’impact.
Le style incisif, journalistique, instaure une immédiateté qui nous plonge dans l’intrigue. Le rythme est donné par des phrases très courtes alternant avec des phrases plus longues : « Alors j’ai couru vers la voiture. J’ai conduit à travers le plus noir des temps d’automne, jusqu’à me garer ici. J’ouvre maintenant la portière. Des tentacules noirs déchirent le ciel anthracite. Des trous creusés par la peur laissent suinter la lumière des étoiles. Mes chaussures sur le sol mouillé. J’ai 35 ans. Je ne sais plus où j’en suis. » (Page 22).
Originalité: Les passages en italique restituent non les pensées de l’assassin comme c’est parfois le cas, mais celles du mort, tandis que les passages au style indirect donnent les pensées et les souvenirs de Malin.
Construction du roman: comme le suggère le titre, la pluie est le fil rouge de ce roman auquel elle instaure une ambiance très particulière : « Il fait sombre derrière les vitres de la voiture, sombre et humide. La tempête est si forte que la pluie tombe à l’horizontale. Le pare-brise pleure des larmes noires, contre lesquelles les essuie-glaces ne peuvent rien…La pluie tambourine sur le toit blanc de la voiture. Le bruit couvre celui du moteur. » (Page 13).
Le rythme lent chemine à travers la mise au point de la vie privée de chaque membre de l’équipe enquêtrice et des souvenirs d’enfance de Jerry selon ses perceptions d’enfant à différentes périodes, en 1969 et en 1974. Quel lien entre le passé de Jerry et le présent ?
Le corps du brillant avocat Jerry Petersson est retrouvé dans les douves de son château, ancienne propriété de la famille d’aristocrates déchus, les Fagelsjö. Assommé et tué à coups de couteaux. L’enquête explore sa vie professionnelle, ses relations d’affaires. Mais Malin se demande si la solution ne résiderait pas dans son passé…
Mais quelques jours avant le meurtre, le comte Axel Fagelsjö, qui voulait racheter son château, avait fait à Jerry une proposition que ce dernier a refusée. Un rapport de cause à effet? Une piste supplémentaire à explorer? L’enquête piétine, s’enlise. Malin et son équipe attendent le coup de théâtre, l’événement qui décantera la situation…
=> Récit un peu trop lent, encombré par trop de considérations personnelles au détriment de l’intrigue et de l’enquête, notamment les états d’âme de Malin qui prennent trop de place.
Linkoping, cinquième ville de Suède, décor principal du roman dans lequel les personnages évoluent, est montrée dans toute sa réalité, ses contrastes entre les quartiers bourgeois et les quartiers populaires : « Ekoxen. Un des hôtels les plus chics de la ville. Peut-être même le plus chic. Il est situé entre l’étang de Tinnerback et le jardin botanique, dans un bâtiment recouvert de crépi blanc. Le piano-bar de l’hôtel donne sur le lac, c’est un des endroits les plus prisés de la ville. » (Page 135)… « Ils passent à côté des dernières constructions de la zone Programme Million de Staggetorp, puis quittent l’agglomération pour se retrouver au milieu de champs déserts et de petits jardins laissés au vent. » (Page 138).
Le château des Fagelsjo, construit au XVIIe siècle, « bâti et modifié selon les caprices de ses propriétaires ; toit de cuivre, vieilles meurtrières, récentes fenêtres à petits carreaux », une chapelle, des douves pleines d’eau, un grand portail, entouré de forêts et de champs.
L’automne, comme le titre l’indique, donne le ton de ce troisième opus de la série consacrée à l’enquêtrice Malin Fors : une atmosphère délétère, peu propice à la joie et à la sérénité, car l’automne « est la saison de la décomposition(…) Le monde entier est pourri et attend sa fin qui viendra par le froid de l’hiver. La beauté de l’automne, les flammes de ses feuilles ne sont que la promesse que tout va empirer. »
La psychologie des nombreux personnages, qu’ils soient principaux ou secondaires, est un critère sur lequel repose la structure du roman, comme souvent dans les polars nordiques. Particulièrement soignée, elle occupe une bonne partie de l’intrigue.
Le + : Un portrait de la Suède bien loin des clichés du pays-providence ; là comme ailleurs en Europe, règnent l’insécurité, la méfiance envers la police tenue pour responsable ; une société égalitaire basée sur des sables mouvants ; le chômage qui ronge les fondements du pays. => Une vision sombre, sans concession, sans faux semblant, à l’image des auteurs scandinaves.
Un roman bien construit, qui se lit d’une traite, bien que, à mon avis, un peu moins rythmé que les deux précédents. un titre que l’on appréciera pour son style ciselé, ses personnages complexes, intéressants, attachants parfois, son aspect social pas trop pesant mais qui pose les bonnes questions.