Ava Audur Olafsdottir sait créer de magnifiques personnages ; si réalistes et attachants, que l’on souhaiterait ne jamais tourner la dernière page de son roman.
Présentation Éditeur
Islande, 1963 – cent quatre-vingt mille habitants à peine, un prix Nobel de littérature, une base américaine, deux avions transatlantiques, voilà pour le décor. Hekla, vingt et un ans, emballe quelques affaires, sa machine à écrire, laisse derrière elle la ferme de ses parents et prend le car pour Reykjavík avec quatre manuscrits au fond de sa valise. Il est temps pour elle d’accomplir son destin : elle sera écrivain.
Avec son prénom de volcan, Hekla bouillonne d’énergie créatrice, entraînant avec elle Ísey, l’amie d’enfance qui s’évade par les mots – ceux qu’on dit et ceux qu’on ne dit pas –, et son cher Jón John, qui rêve de stylisme entre deux campagnes de pêche…
Miss Islande est le roman, féministe et insolent, de ces pionniers qui ne tiennent pas dans les cases. Un magnifique roman sur la liberté, la création et l’accomplissement. Prix Médicis étranger 2019.
Origine | ![]() |
Titre | .. |
Éditions | Zulma |
Date | 5 septembre 2019 |
Éditions | Zulma |
Date | 13 octobre 2022 |
Traduction | Eric BOURY |
Pages | 240 |
ISBN | 9791038701090 |
Prix | 10,95 € |
L'avis de Nørdic Reading Club
Islande, 1942. Une enfant exceptionnelle voit le jour et porte le nom d’un des plus grands volcans du Sud de l’Islande : Hekla. Dès sa naissance, son destin paraît singulier, tout comme la force qui l’habite.
Vingt-et-un ans plus tard, en 1963, Hekla quitte la campagne pour s’installer à Reykjavik. La capitale islandaise incarne l’espoir et la modernité à ses yeux. Mais derrière ses ambitions se cache un rêve bien particulier : devenir écrivaine. Dans une société qui valorise avant tout la beauté féminine, son désir de création se heurte à des obstacles tenaces. La seule reconnaissance lui venant est celle de son apparence, non de son talent ou de son intellect.
Heureusement, sur ce chemin semé d’embûches, Hekla n’est pas seule. Elle peut compter sur l’amitié profonde de Jon John, un marin homosexuel confronté à l’exclusion et à la persécution, et sur Isey, son amie d’enfance, rêveuse et passionnée d’écriture elle aussi. Ensemble, ils se soutiennent et s’encouragent, formant un trio attachant, entre solidarité et quête d’identité.
Avec « Miss Islande », Auður Ava Ólafsdóttir signe un chef-d’œuvre au moins aussi frappant que son célèbre « Rosa Candida ». Le remarquable travail de traduction d’Éric Boury restitue à merveille la poésie délicate et la justesse du texte original. Au fil des pages, le récit nous plonge dans l’Islande des années 1960, miroir d’une époque marquée par la misogynie et l’homophobie, mais aussi espace de contestation et d’espoir.
Ce livre, véritable hymne à la tolérance, parle de féminisme sans lourdeur et interroge en profondeur la vocation littéraire, la soif de liberté et le besoin d’être soi-même. Les résonances avec notre époque sont saisissantes, tant la voix de Hekla résonne avec la force d’un volcan prêt à bouleverser les conventions.
Comme dans « Rosa Candida », l’autrice donne vie à des personnages d’une humanité rare, si authentiques qu’on voudrait les suivre bien au-delà de la dernière page. Les citations jalonnant le roman témoignent de cette puissance d’évocation :
« Il parait qu’en écrivant, elle entendait un orchestre symphonique. »
« Non Hekla, tu refuses d’être une femme comme les autres. »
« Quand on vit avec un volcan, on sait que les profondeurs bouillonnent de lave incandescente. Tu sais, Hekla, tu projettes d’énormes blocs de pierre dans toutes les directions… ils détruisent tout sur leur passage… tu es un rocher imprenable, un buisson de ronces … »
En refermant « Miss Islande », on garde en mémoire une ode à l’audace d’être soi, à la puissance créatrice, et à la beauté d’une Islande singulière. Un roman lumineux, bouleversant, et d’une actualité vibrante.