Quelle est la genèse de votre roman ? Est-ce basé sur un fait divers qui a un lieu au Danemark (envoi de mails massifs concernant la pédophilie) ?
Non, ce livre n’est pas né d’un fait divers. Il est né de notre envie conjointe de parler d’un thème fort l’auto-justice versus une société de droit. Avec le crime qui leur paraissait le plus cruel : la pédophilie (Soren précise que le génocide est également un crime d’une cruauté sans nom).
En filigrane dans le roman, on peut voir apparaitre les personnages de la mythologie greco-romaine Les Erinnyes (ou » Euménides ou Furies : Ce sont les divinités infernales chargées d’exécuter sur les coupables la sentence des juges. Elles doivent leur nom à la fureur qu’elles inspirent. Ministres de la vengeance des dieux, elles ont dû exister dès l’origine du monde : elles sont vieilles comme le crime qu’elles persécutent, comme l’innocence qu’elles s’efforcent de venger… Les plus connues des Furies, les plus souvent citées par les poètes sont Tisiphone, Mégère et Alecton. »*)
Le clin d’oeil apparait clairement à la page 289 : » Elle était enfant et jouait au ballon, et c’était important. Karen, Maren, Mette boum, Anni, Anne, Anette boum, Kylle, Pylle, Rylle boum, Bente boum. Les comptines étaient faciles, même la nouvelle, ALECTO, MEGERE, TISIPHONE boum, Némésis boum…. ». Ces indications ont du être données au traducteur pour surtout ne pas effacer ce film presque invisible mais tellement important aux yeux de Lotte et Soren.
Soren, Lotte, vous êtres frère et soeur, est-ce que lorsque vous étiez enfants vous avez imaginé ensemble des histoires ?
Non, pas du tout. La vie nous a séparé. Et ce sont nos retrouvailles il y a 7 ans qui ont donné naissance à ce roman…
Le parcours a t-il été long et difficile entre l’écriture de votre livre et sa parution ?
Au début c’était juste un projet rigolo qui est né lorsque Soren est venu s’installer dans la maison familiale. Il s’est installé au deuxième étage. Et à l’occasion de « ses retrouvailles », nous avons imaginé une histoire. Et c’est poussé par nos filles que nous avons décidé de le proposer à un éditeur. Cela a été un peu difficile au début. L’éditeur chez lequel nous sommes maintenant reçoit plus de 6000 manuscrits par an et il ne publie que 1 à 2 débutant(s) par an. Le texte initial faisait plus de 1000 pages avec toutes les erreurs possibles que peuvent commettre des débutants (rires), mais on nous l’a retourné avec des notifications constructives. Nous avons travaillé sur ce manuscrit à plusieurs reprises. Et c’est lors de l’entretien avec l’éditeur que « l’essai » a été concluant. Et maintenant nous sommes publiés dans plus de 15 pays.
« Morte la bête » est écrit à quatre mains, comment avez- vous procédé ?
Nous avons beaucoup parlé. Nous avons préparé une intrigue détaillée. Chacun a écrit des scènes particulières et à la fin c’est Soren qui a repris tout le texte pour que le roman ait toujours le même ton.
Il y a-t-il des personnages qui existent vraiment, dont vous vous êtes inspiré ?
Lotte : L’inspecteur Konrad tient beaucoup de mon mari même si il n’aime pas m’entendre dire cela (rires) : il a vraiment tendance à trop manger, trop fumer… et peut-être également de Soren, côté fumeur… (rires)
Quels lecteurs êtes-vous ?
Lotte : » Je suis infirmière et je lis des romans policiers. Soren est instituteur, il lit de la « bonne littérature » (rires du frère et de la soeur), c’est à dire de la littérature blanche.
Soren : « Je suis fan de Gunter Grass »
Lotte et Soren : « Nous sommes tous les deux des grands admirateurs de Sjöwall et Wahlöo, les deux pères fondateurs du roman policier suédois)
Avez-vous reçu des remarques surprenantes, marquantes de la part de lecteurs ?
Nous avons été très touché suite à la sortie de notre roman car nous avons reçu beaucoup de courriers, de témoignages, de poèmes de personnes qui avaient été victimes de pédophiles.
Quels sont vos projets ?
Nous sommes en cours d’écriture d’un nouvel opus de la série (le cinquième)
Merci d’avoir pris le temps de répondre à ces questions pour Zonelivre
Leurs Romans
Interview réalisée le 17 novembre 2011 à la FNAC de CAEN à l’occasion de la venue des auteurs dans le cadre du festival LES BOREALES. Merci à Lotte et Soren HAMMER pour leur gentillesse et leur disponibilité pour cet entretien qui s’est déroulé en anglais, en danois et en français. Très sympathique, ces passages d’une langue à l’autre car parfois même les émotions passent même si on a pas encore compris le sens des mots. Et j’en profite pour remercier également Anne-Charlotte STRUVE pour son travail de traductrice.
Remerciements également pour Jérôme Rémy, directeur artistique du festival Les Boréales pour sa présence malgré un programme des Boréales très chargé et pour Nadine Phelippe, chargée de communication de la FNAC de Caen, qui m’a permis profiter pleinement de cet événement.
* la notification sur les Erinnyes est extraite de l’excellent guide de mythologie grecque et romaine de COMMELIN (à avoir dans votre bibliothèque. Il m’accompagne depuis l’enfance, m’a était très utile pendant toutes mes études notamment universitaires. Et c’est encore mon guide de référence aujourd’hui)