Présentation Éditeur
Titre original : Fasandræberne (2008)
Véritable phénomène d’édition dans les pays où il a été publié, Miséricorde, le premier roman du Danois Jussi Adler Olsen, s’est imposé en France comme la découverte scandinave de 2011.
Profanation, le deuxième tome de la série, ne décevra pas les fans du tandem atypique et attachant que forment le cynique inspecteur Carl Mørck et son mystérieux assistant syrien, Assad.
Sur le bureau de Mørck, le dossier d’un double meurtre impliquant une bande de fils de famille, innocentée par les aveux « spontanés » de l’assassin. Mais très vite l’inspecteur s’aperçoit que l’affaire, hâtivement bouclée, comportait des zones d’ombre. Quel rôle ont vraiment joué, il y a vingt ans, trois des hommes les plus puissants du Danemark ? Cercles très fermés des milieux d’affaires, corruption au plus haut niveau, secrets nauséabonds de la grande bourgeoisie…
Adler Olsen mêle à la perfection suspense implacable et regard acerbe sur son pays.
Origine | |
Titre | Fasandræberne, 2008 |
Éditions | Albin Michel |
Date | 02 mai 2012 |
Éditions | Le Livre de Poche |
Date | 3 janvier 2014 |
Éditions | Le Livre de Poche (Editions Noël) |
Date | 5 novembre 2014 |
Traduction | Caroline BERG |
Pages | 576 |
ISBN | 9782253179030 |
Prix | 9,70 € |
L'avis de Cathie L.
Profanation, Fasandræberne en version originale parue en 2008, a été publié en France en 2012 par les éditions Albin Michel et en 2014 par Le Livre de Poche dans la collection Policier/Thriller. Dans cette seconde enquête du Département V, l’auteur raconte son histoire dans un style sobre, sans effets particuliers, un peu comme dans un article de journal. Le ton est désabusé, empreint de désillusion.
Toutefois, fait suffisamment rare dans la littérature policière scandinave pour le souligner, Profanation se distingue par les innombrables traits d’humour qui émaillent son récit pratiquement à chaque page, issus des réflexions du personnage principal :
« Au deuxième étage, ils avaient encore tout déménagé. Putain de réforme de la police. Bientôt Carl aurait besoin d’un GPS pour trouver le bureau du chef de la brigade criminelle. » (Page 20)… « Assad sortit un bloc et nota l’information. Son assistant n’allait pas tarder à faire son boulot à sa place. Carl attendait ce jour avec impatience. » (Page 45)…
« Il eut l’impression que son sang se mettait à bouillir et gelait en même temps. Cinq ordres contradictoires partirent de sa moelle épinière et se répandirent dans sa structure moléculaire: fais tomber ta gomme, efface le dernier point sur ta liste, éteins ta cigarette, efface l’expression débile que tu as sur la figure, ferme la bouche. » (Page 148)…
« Le vacarme venant du salon, une cacophonie de roulements, de craquements et d’explosions, faisait penser à un troupeau d’éléphants qui auraient décidé de vandaliser son mobilier Ikea déjà très éprouvé. » (Page 385).
Construction : un prologue très court écrit au présent, contrairement au reste du roman écrit au passé. L’ancrage dans la réalité habilement mis en place grâce aux flashs infos concernant la situation en Birmanie et en Afghanistan, tout en intégrant l’intrigue du roman :
« Un reportage sur le régime militaire en Birmanie défilait sur le grand écran… La détresse des soldats danois en Afghanistan passait à l’arrière-plan de l’actualité…Les images sur l’écran changèrent de nature. Pour la vingtième fois, la télévision diffusa celles de l’explosion de la bâtisse sur la voie de chemin de fer à la hauteur d’Ingerslevsgade. Tout le trafic ferroviaire avait été interrompu, plusieurs caténaires pulvérisés. » (Pages 341-342).
L’intrigue
Eté 1987. Quelques semaines après le carnaval. Les cadavres d’un frère et de sa soeur, respectivement âgés de dix-sept et dix-huit ans, avaient été retrouvés dans une maison de campagne située dans le nord du Sjaelland, tabassés à mort. L’arme du crime avait été retrouvée dans un parterre de bruyère tout proche. Les soupçons s’étaient rapidement orientés vers un groupe de pensionnaires d’une école privée réputée, surnommé « la bande de l’internat, issus de la classe dominante fortunée. Sans preuve, l’affaire avait été classée.
Vingt ans plus tard. Carl trouve le dossier de cette mystérieuse affaire sur son bureau comme si quelqu’un voulait qu’il reprenne les investigations. Pourtant, neuf ans après les faits, Bjarne Thogersen, seul de la bande issu d’un milieu modeste, se dénonce et est condamné. Dès lors, quel intérêt de rouvrir l’enquête ? Carl, intrigué par les nombreuses zones d’ombre, relève le défi, sans envisager une seconde que cette nouvelle enquête le conduira dans les cercles très fermés des milieux d’affaires et de la haute bourgeoisie où corruption et vices mènent la danse.
Quel rôle ont joué, vingt ans plus tôt, les trois hommes les plus puissants du Danemark ? Pourquoi Kimmie, leur ancienne camarade devenue une SDF camée, cherche à se venger d’eux ? Quels sombres secrets se cachent dans leurs luxueuses villas, prétentieuses et froides ?
La bande de l’internat : six jeunes gens issus de la haute bourgeoisie bourré de fric, enfermés dans une prestigieuse école privée dont ils ne sortent que pour les vacances, négligés par des parents bien trop occupés par leurs petites personnes pour s’intéresser à leurs rejetons qu’ils laissent livrés à eux-mêmes : « Ce n’était pas l’ivresse qu’ils recherchaient. C’était le défi. Ils voulaient juste cracher à la gueule de l’autorité sous toutes ses formes en faisant ce qu’ils imaginaient de pire. Fumer du hasch juste derrière l’établissement scolaire très strict dans lequel ils étaient pensionnaires était sans doute la plus grave des transgressions. » (Page 29)… Mais bientôt, ils passeront à la vitesse supérieure, en quête de jouissances plus fortes : « Ditlev s’approcha du gamin, qui était allongé par terre. Il le regardait avec curiosité. La réaction de ce sale gosse le fascinait. Il leva brusquement la main comme s’il voulait le taper, mais l’enfant ne réagit toujours pas. Ditlev lui asséna une violente gifle sur la tête… Ditlev le frappa à nouveau. C’était une sensation merveilleuse. Ditlev souriait…Des années après, Ditlev avait raconté que frapper ce garçon l’avait fait jouir pour la première fois de sa vie. » (Pages 31-32) => L’auteur décrit avec maestria la descente aux enfers de ces jeunes gens désœuvrés, laissés à l’abandon par leurs parents, livrés à leurs pires instincts, sans pour autant leurs trouver des excuses improbables, décortiquant quel processus a pu les mener jusqu’au crime…
En conclusion
Le + : la vision du Danemark à contre-courant des images d’Epinal que nous prenons pour argent comptant: le Danemark, petite monarchie sans histoire, sans problèmes économiques ou sociaux. Jussi Adler-Olsen montre tout le contraire, avec la petite pointe d’ironie qui le caractérise.
Avec cette seconde enquête, Jussi Adler-Olsen monte en puissance. La maîtrise d’une enquête policière, des personnages originaux et convaincants, une intrigue bien menée, le monde fermé de la haute bourgeoisie habilement esquissé, le style efficace sont autant d’atouts qui confèrent à Profanation un indéniable statut de va;leur sûre du polar scandinave. A lire sans aucun délai…
L'avis de Sophie Peugnez
Un K non résolu !
Kimmie, la SDF ne laisse pas le quotidien la dévorer. Elle va de l’avant, elle se bat, elle écoute les voix dans sa tête qui la conseille…
A peine rentré de vacances, Carl Mork hérite de deux nouvelles : une visite d’une délégation norvégienne et un renfort pour l’équipe, une certaine Rose.
Assad avec son flair habituel est tombé sur une affaire intéressante. 1987 deux jeunes gens battus à mort sont retrouvés. Le mobile est mystérieux mais des élèves de l’établissement huppé ont été suspectés et la plupart font partie de la haute société danoise. Un seul individu est venu se dénoncer neuf ans après les faits.
Comment et pourquoi ce dossier a atterri dans les piles du département V qui ne gère logiquement que les affaires non résolues… certains « voyants » s’allument pour les deux hommes à la lecture des différents documents.
Une ambiance dans l’établissement scolaire qui aurait pu rappeler « Le cercle des poètes disparus » avec des silhouettes d’étudiants qui s’éloignent mais là l’ambiance n’est pas aux poèmes c’est un hommage à « Orange mécanique ».
Des notables qui donnent une image écoeurante et qui semblent au-dessus des lois. Et qui ont bâti un psychisme inquiétant.
Kimmie est personnage double, à la fois touchante dans sa détresse et avec son coffret mais en même véritable arme de destruction.
Jussi Adler-Olsen nous offre le portrait cette société danoise parfois dépravée, mais également dans une partie du récit, une extrême-droite active et menaçante.
Un thriller très agréable à lire. Une des forces de cet auteur c’est de traiter des faits sérieux et en même temps d’apporter une pointe d’humour pour adoucir le récit grâce au surprenant et sympathique duo que forme Assad et Mork. Et Rose apporte sa touche de folie.
L’éditrice nous a dit que les romans d’Adler Olsen sont bâtis comme les chapitres d’un roman. C’est réel. A peine le tome 2 fini, on a envie d’entamer le 3. Il y a une véritable progression dans l’évolution des personnages qui donnent envie de les retrouver très vite. Pas de cliff-hanger spécial à la fin juste un furieux besoin de savoir la suite !