Alliant avec efficacité le côté policier, environnemental et politique, Olivier TRUC a écrit une intrigue fortement bien menée
Présentation Éditeur
Hammerfest, petite ville de l’extrême nord de Laponie. Les bords de la mer de Barents, le futur Dubai de l’Arctique… Tout serait parfait s’il n’y avait pas quelques éleveurs de rennes…
L’histoire se déroule au printemps, quand la lumière ne vous lâche plus, obsédante. Autour du détroit du Loup qui sépare l’île où se trouve Hammerfest de la terre ferme, des drames se nouent. Alors que des rennes traversent le détroit à la nage, un incident provoque la mort d’un jeune éleveur. Peu après, le maire de Hammerfest est retrouvé mort près d’un rocher sacré qui doit être déplacé pour permettre la construction d’une route longeant le détroit. Et les morts étranges se succèdent encore.
A Hammerfest, les représentants des compagnies pétrolières norvégiennes et américaines ont tout pouvoir sur la ville, le terrain constructible est très convoité, ce qui provoque des conflits avec les éleveurs de rennes qui y font paître leurs animaux l’été.
Les héros de ce grand centre arctique de la prospection gazière sont les plongeurs, tromp-la-mort et flambeurs, en particulier le jeune Nils Sormi, un plongeur d’origine sami.
Klemet et Nina mènent l’enquête pour la police des rennes. Mais pour Nina, troublée par les plongeurs qu’elle découvre lui rappellent ce père scaphandrier qui a disparu depuis son enfance. Subissant cette lumière qui l’épuise, elle va partir à la recherche de ce père mystère, abandonnant Klemet à sa mauvaise humeur, à ses relations ambiguës avec son ombre.
Et c’est une police des rennes en petite forme qui va faire émerger une histoire sombre venue des années 1970, dévoilant les contours d’une patiente vengeance tissée au nom d’un code d’honneur venu d’un autre monde, montrant à quel prix a été bâtie la prospérité de la région.
L'avis de Sophie Peugnez
Laponie norvégienne. La grande transhumance des rennes est une période importante pour l’espèce animale et ses éleveurs. Un ballet s’instaure entre les deux. Alors qu’ils traversent le Détroit du Loup, des bêtes paniquent se noyant et entrainant dans leur périple un berger. Cet événement va être un choc pour les Samis et un véritable catalyseur de tensions.
Certains habitants ne supportent plus de voir les rennes envahir la ville et ses alentours. La police des rennes est dépêchée sur les lieux, elle tente d’éclaircir la situation tout en préservant le calme. Mais une spirale destructrice s’est déclenchée : mort du maire près du rocher sacré, problèmes avec les plongeurs de la base pétrolière…
« Le détroit du loup » est une véritable immersion dans la culture sami. Cette découverte avait commencé dans le premier opus « Le dernier Lapon » où le lecteur découvrait le duo Klemet-Nina, membres de la police des rennes (livre couronné par plus d’une dizaine de prix littéraires). Ce tome met en lumière les traditions profondes qui peuvent s’ancrer dans un coin de nature. Ce besoin viscéral de transmettre et d’avancer quoi qu’il arrive. Mais aussi les différents qui peuvent toucher ce peuple : entre les éleveurs et les autres.
C’est également une peinture de l’univers des marins et des plongeurs issus de monde du pétrole. Tout l’argent qui circule, l’ambiance des ports. Olivier Truc nous offre un portrait très complet sur la Laponie. Au-delà du roman policier, c’est une véritable réflexion sur la possibilité de survie des cultures traditionnelles dans notre monde économique contemporain.
Une part belle est accordée à l’introspection que ce soit le deuil de la jeune veuve ou l’enquêtrice Nina qui éprouve le besoin de retrouver les traces de son père disparu alors qu’elle était une jeune adolescente. Le poids du silence a brisé tant de vies.
Une écriture magnifique qui permet l’évasion au fil des pages.
Article paru dans le journal Côté Caen
L'avis de Jean-Marc Volant
Pour la seconde fois, Olivier Truc, journaliste depuis de nombreuses à Stockolm et spécialiste des pays nordiques et baltes, nous invite de nouveau dans les terres lapones, accompagné de son fabuleux duo d’enquêteurs de la police des rennes. Nous avions fait la connaissance de ces deux policiers (Klemet, d’origine sami et Nina, jeune flic française expatriée pour sa première fonction, dans les pays froid du nord) dans le premier roman de l’auteur français, « Le dernier Lapon » (que je vous recommande amplement et dont vous pouvez retrouver la chronique sur Zonelivre).
Cette fois encore, Klemet policier d’expérience et sa jeune collègue vont être confrontés à de nombreux dangers pour cette périlleuse enquête, qui va dépasser largement le terrain de leur affectation et de leur qualification au sein de la police des rennes.
Emmenant son lecteur parcourir les terres du grand nord et particulièrement celles des terres lapones et de la culture sami (même si celle ci est un peu moins présente que dans le premier opus du duo) Olivier Truc nous a concocté une intrigue passionnante, sur les dérives du pétrole au milieu des terres des éleveurs de rennes qui font passer leur bêtes au printemps dans un endroit nommé « le détroit du loup »… un lieu qui voit passer de moins en moins de rennes, celui ci étant « pollué » par les magnats du pétrole et d’autres persécuteurs de la nature qui viennent « pourrir » cet endroit cher aux éleveurs.
La mort accidentelle de l’un d’entre eux va venir pertuber tout cela…
Une nouvelle fois, Klemet et Nina vont avoir fort affaire pour démêler tous les ressorts de cette affaire qui s’annonce très compliquée : entre les auditions de témoins suite à l’accident de la mort du jeune éleveur, entre vérités, mensonges et dissimulations, notre duo de la police des rennes va sortir de ses fonctions habituelles pour résoudre cet imbroglio. Un duo d’enquêteurs qui fonctionne toujours aussi bien : Klemet et Nina sont toujours des personnages très attachants, humains et même si ils sont quelquefois en conflit dans leur travail quotidien, ils forment tous les deux un binôme d’excellente qualité. On en apprend d’ailleurs un peu plus sur eux encore une fois, ce qui les rends encore plus attachants et chacun à sa manière, tire son épingle du jeu dans cette difficile enquête.
Alliant avec efficacité le côté policier, environnemental et politique de cette affaire sous tension, le romancier français a écrit une intrigue fortement bien menée, sur un rythme lent mais passionnante à suivre tout au long de ce second roman des enquêtes de la police des rennes…
Si vous avez aimé « le dernier lapon », vous ne pouvez qu’aimer ce nouvel opus de notre duo d’enquêteurs du froid et si vous ne les connaissez pas encore, je ne peux que vous inviter à prendre un billet d’avion et d’embarquer pour les terres de la Laponie qui, entre traditions ancestrales et modernité, n’a pas encore livré tous ses mystères.
Pour ma part, j’y retournerai dès que possible.