Présentation Éditeur
Phénix excentrique tant de fois ressurgi de ses cendres, Siggý n’est plus. Elle qui n’a jamais été là pour personne a légué à sa fille Hildur son mal étrange et une petite maison jaune sur l’île de Flatey.
Une lettre de sa mère pour seul viatique, Hildur s’embarque vers ce point minuscule perdu dans l’océan. Avec pour ange tutélaire l’homme aux yeux vairons. Et une foule de souvenirs sans pareils – les extravagances de Siggý et de son voisin Kafka, les mantras de grand-mère Láretta contre les idées noires, l’appel des phoques sacrés ou les fantômes de la rue Klapparstígur… Qui tous portent la promesse d’une singulière renaissance.
Comme une consolation venue d’ailleurs, J’ai toujours ton cœur avec moi est la belle chronique de ces quelques jours sans boussole – mélancolique, insolite et décalée.
Origine | |
Titre | Segulskekkja |
Éditions | Zulma |
Date | 7 janvier 2016 |
Traduction | Jean-Christophe Salaün |
Pages | 144 |
ISBN | 9782843047640 |
Prix | 17,50 € |
L'avis de Sophie PEUGNEZ
Siggy est morte et sa fille qui nous parle. Même si on se demande si le mot fille convient tellement leur relation était complexe. Signy vivait dans son monde. Lorsqu’elle parlait de personnes : étaient-ce des surnoms ou son imaginaire ? Elle évoquait Hitler, Kafka…
La narratrice a été élevée par sa grand mère Laretta. Elle doit se rendre sur l’île de Flatey, la dernière demeure de Siggy. Sa mère était régulièrement mélancolique : elle fumait parfois sa clope dans la baignoire en étant complètement saoule. Elle a honte d’avoir laissé passé les années sans donner de nouvelles.
Extrait p 34-35 :
« Avant, je pensais : bientôt elle ira mieux. Elle se lève, elle a oublié la maladie. La maladie a disparu. Et puis j’ai fini par penser : bientôt, elle va mourir. Mais elle tenait le coup. Maintenant, j’ai oublié. C’est très désagréable, de ne plus se souvenir de son visage. Elle est le produit de mon esprit, et je la vois apparaître dans l’épais gruau. C’était cette douleur qui se mettait en travers de notre route. Je m’en souviens. Maman se sentait mal, puis d’un coup elle redevenait heureuse, mais alors je prenais peur. Elle était hors de ce monde. Je craignais qu’elle meure lorsqu’elle s’absentait trop longtemps, et c’était presque un soulagement – simplement parce que ce n’était que mon imagination.
La neige qui recouvre la petite île de Flatey m’oblige à regarder droit dans les yeux cette argile dont je suis issue. Je frissonne. Je me mets en chemin le long du sentier vers le petit village, la clé comme une arme serrée dans la main. Theofilus m’a dit de ne pas m’inquiéter, que la maison jaune était libre. La seule chose qui compte, c’est que Siggy est passée dans l’au-delà et qu’elle ne reviendra pas. Ma maman qui jamais n’endossa le rôle de mère. »
Une jolie écriture mais j’ai eu tellement d’émotions littéraires avec des auteurs islandais que je l’avoue, avec Soffia Bjarnadottir, je n’ai pas eu de coup de coeur. Elle m’a fait pensé à l’islandais Gudbergur Bergson qui avait écrit Deuil publié aux éditions Métailié où le narrateur décrit sa propre mort qui vient. J’ai pour ma part ressenti une grande part de mélancolie dans ce texte même si je sais que d’autres lecteurs n’ont pas ressenti la même chose. Est-ce l’Islande qui donne une force et une énergie particulière à ses écrivains ? On peut en tout cas saluer leur talent décrire la mort avec une intelligence, une pudeur et une intensité rare.