Présentation Éditeur
PRÉSENTATION ÉDITEUR
Entre réseaux sociaux haineux et menaces physiques, c’est dur de faire de la politique quand on est une femme. Un Borgen cruel.
Un personnage attachant, des méchants insoupçonnables, un rythme rapide, une histoire haletante.
Après avoir fait ses armes dans la trilogie de Reykjavik, Lilja Sigurdardóttir abandonne ses précédents personnages et prend un nouveau départ couronné par le prix Icelandic Crime Fiction 2019. Elle devient la reine du suspense nordique.
Après plusieurs missions humanitaires éprouvantes, Úrsúla accepte de remplacer au pied levé le ministre de l’Intérieur en attendant les prochaines élections. Elle découvre très vite que son administration n’est là que pour bloquer toutes ses initiatives. Aussitôt après sa première intervention publique, elle devient la proie d’un cyber-harcèlement menaçant et doit engager un garde du corps. Elle est également poursuivie par un sdf agressif, qui sort d’un hôpital carcéral.
Catapultée dans ce nouveau monde, cible systématique d’attaques sur les réseaux sociaux, elle découvre aussi l’attitude faussement compatissante mais réellement méprisante de ses confrères politiques. Elle tente cependant de faire son travail tout en affrontant le stress post-traumatique résultant de ses missions humanitaires ainsi que sa culpabilité vis-à-vis de son mari et de ses enfants.
Elle est, certes, entourée de gens en lesquels elle a confiance, mais la trahison ne vient-elle pas toujours des plus proches ?
L'avis de Sophie PEUGNEZ
Úrsúla travaille dans l’humanitaire. Elle a été recrutée pour être ministre de l’intérieur. Elle a une cassure en elle suite à son présence sur les zones de conflits : elle n’arrive plus avoir le même lien qu’avant avec son mari et ses enfants. Seul un journaliste va la troubler et faire qu’elle se sente vivante.
Une menace plane au-dessus d’elle, un homme l’observe. De plus, dans son travail, elle va subir la pression des lobbys, des financeurs et des attaques sur les réseaux sociaux. Elle qui rêvait de faire changer les choses est happée par une spirale. elle pensait tellement qu’on l’avait recruter pour son savoir-faire et son savoir-être, n’est-elle qu’une femme de paille ? Qui tire les ficelles et d’où vient la trahison ?
Trahison de Lilja Sigurdardóttir publié aux éd. Métailié et aux éd. Points fait partie de mes gros coups de cœur. J’ai adoré les différentes grilles de lecture de cet ouvrage. Le personnage d’Úrsúla est très touchant dès les premières lignes, j’ai été émue par son personnage : son combat pour trouver l’équilibre avec toutes les facettes de sa personnalité entre ses convictions personnelles, son implication dans l’humanitaire qui lui a presque fait perdre les siens, l’épouse, la mère, la femme politique. A la fois forte dans ses projets et en même temps faisant preuve d’une véritable sensibilité. Comme si parfois une petite fille se recroquevillait dans le corps de cette femme mais pour revenir encore plus flamboyante par la suite. Mais parmi les ombres qui l’entourent, parmi les silhouettes se cache un véritable danger.
Comme dans sa précédente trilogie Piégée, Le filet, La cage ne laisse jamais rien au hasard et elle travaille aussi avec beaucoup de finesse les personnages secondaires voir tertiaires, c’est très intéressant de découvrir le personnage de Stella silhouette de femme de ménage invisible dans les locaux ministériels qui rêve de briller lors de soirées (d’où elle ressort encore imprégnée de drogues ou forcément dans les bras de le fille dont elle rêvait).
Trahison nous plonges dans les méandres des cabinets ministériels, dans des lieux où règnent les protocoles et où vous ne dirigez pas forcément le navire dont on vous a promis la barre. J’ai été marquée par une des scènes d’ouverture où Ódinn le chef de cabinet transmet à Úrsúla toutes les infos à savoir et notamment cette scène :
«Le chef de cabinet lui tendit un petit flacon de désinfectant pour les mains.
N’aie pas peur de l’utiliser en toute occasion. Durant le mois qui vient, tu vas devoir serrer plus de mains que tu l’as fait de toute ta vie, et la grippe vient de faire son retour.
En souriant, elle s’empara du flacon dont elle versa quelques gouttes dans sa paume avant de lui proposer à son tour. Ils se frottèrent ainsi les mains quelques secondes. L’odeur douce et légèrement mentholée du produit rappela à Úrsúla à quel point elle était en sécurité ici : aucun germe ne résisterait à un simple désinfectant à base d’alcool. Au libéria, ils devaient se laver les mains à l’eau de Javel ». Extrait de la page 12
Je me suis demandé si Lilja n’avait pas un don de clairvoyance en écrivant ces lignes car j’ai lu ce livre lors du premier confinement (la date de sortie de son roman avait du être décalée en juin). J’aime cette scène presque anodine qui a eu tout à coup une résonnance mondiale particulière. Nous ne pensions pas que les microbes pouvaient présenter un tel danger pour nos sociétés, que nos politiques devraient s’en méfier et que nous devrions tous des adeptes du gel hydroalcoolique.
Ne pas changer tout en étant une femme politique qui fasse correctement son travail. Ne pas se perdre tout en évoluant. Des thèmes évoqués aussi dans la série danoise Borgen mais Lilja Sigurdardottir a su une nouvelle fois nous entrainer dans un univers qui lui est propre. Elle nous immerge à la fois dans la société islandaise (et son rapport avec le reste du monde) tout en nous faisant partager des destins individuels. Un parfait équilibre de douceur et de puissance. Une pointe de sensualité pour cet excellent polar nordique contemporain. Pour découvrir la politique autrement et réfléchir sur le monde qui nous entoure.